Bertrand Jaquet, mémoire vive du Domaine de Rochevilaine
Bertrand Jaquet, mémoire vive du Domaine de Rochevilaine

Bertrand Jaquet, mémoire vive du Domaine de Rochevilaine

Depuis 1997, Bertrand Jaquet veille avec passion sur le Domaine de Rochevilaine, établissement emblématique ancré sur la côte bretonne, à Billiers. Visionnaire discret, il a su perpétuer l’esprit du lieu imaginé dans les années 1950 par Henri Dresch, tout en y injectant son amour du patrimoine, du calme… et du bien-vivre. Rencontre avec un directeur à la mémoire impressionnante, témoin et artisan de l’évolution d’un domaine devenu une véritable destination.

Bertrand Jaquet

Yanis Bargoin : Quelle est l’histoire fondatrice du Domaine de Rochevilaine ?

Bertrand Jaquet : Le domaine a été fondé par Henri Dresch dans les années 1950. Il n’était pas hôtelier mais industriel, un constructeur de motocyclettes français de la marque Dresch. Lorsqu’il est arrivé ici, il n’y avait rien. Il a eu la volonté de créer un petit village breton, en récupérant des manoirs authentiques dans toute la région. Il les a amenés ici, pierre par pierre, pour les reconstruire au bord de la mer, ce qui était très rare à l’époque. Ce patrimoine donne aujourd’hui toute l’âme du lieu.

Quand avez-vous repris la direction ?

BJ : Je suis arrivé en 1998. Cela fait donc plus de 25 ans. Aujourd’hui, ma fille Cécile et mon gendre, le Chef, font aussi partie de l’aventure. C’est une histoire de famille, dans la continuité de ce que voulait Henri Dresch : un lieu habité, vivant, loin des standards impersonnels.

Le Domaine a perdu son étoile Michelin après le Covid. Cela vous a-t-il affecté ?

BJ :Bien sûr, cela a été un coup dur. Nous ne savons pas exactement pourquoi, Michelin ne s’explique jamais. Mais nous n’avons rien changé à notre philosophie. Mon gendre a été étoilé, et moi-même, j’ai figuré au guide pendant 40 ans. Nous continuons à travailler avec exigence et passion. L’essentiel, c’est la satisfaction de nos clients.

Le restaurant gastronomique

Le Domaine de Rochevilaine est aussi pionnier dans l’univers du spa. Racontez-nous.

BJ :Nous avons ouvert notre spa en 1998, à une époque où cela n’existait presque pas en France. Je me suis inspiré de modèles hongrois et autrichiens. Aujourd’hui, nous avons développé nos propres protocoles de soin, avec des produits comme le sel ou le cactus. C’était une petite révolution à l’époque, et je crois que nous avons été un peu précurseurs.

SPA Domaine de Rochevilaine

Vous parlez souvent de “slow tourisme”. Qu’entendez-vous par là ?

BJ : Ici, on vient pour se poser. La mer, les pierres, les tempêtes même : tout invite à ralentir. Nous refusons les grands mariages, les séminaires bruyants. On privilégie l’intimité, le silence. Beaucoup de clients viennent et ne bougent plus de tout leur séjour. Le lieu agit comme une bulle.

Pierre phénicienne 3000 AV JC

Y a-t-il des éléments patrimoniaux emblématiques à ne pas rater sur place ?

BJ : La salle à manger est dans un manoir du XVe siècle. On y trouve une sculpture datée de 1501. Dans le jardin, une pierre vieille phénicienne de plus de 3000 ans est visible. Et puis il y a la statue du Capitaine Nemo, clin d’œil à l’histoire imaginaire du Nautilus qui aurait émergé ici. Chaque chambre raconte aussi une histoire, inspirée des grands récits bretons ou de la Compagnie des Indes.

Capitaine Némo

Un lieu à visiter autour ?

BJ : Le Domaine est une destination en soi, mais ceux qui veulent explorer peuvent partir vers le Golfe du Morbihan, les îles comme Houat, ou encore Rochefort-en-Terre. Cela dit, beaucoup de nos clients ne bougent pas : ils restent ici, les pieds dans l’eau, entre pierre et silence.

Informations utiles

📍 Domaine de Rochevilaine
Pointe de Pen Lan, 56190 Billiers, Bretagne, France
🌐 www.domainerochevilaine.com
☎️ +33 (0)2 97 41 61 61
📆 Fermeture annuelle : 3 semaines en janvier