On ne les voit presque jamais en lumière, et pourtant, rien ne se ferait sans eux. Les grooms, véritables anges gardiens des chevaux, vivent les concours comme des marathons silencieux

À La Baule, pendant les quatre jours du prestigieux Officiel de France, leurs journées commencent à l’aube et ne se terminent qu’après le coucher du soleil. Nous avons suivi l’un d’entre eux pour comprendre ce qui se joue en coulisses, loin des applaudissements du paddock.
7h30 : aux écuries, le jour se lève avec les chevaux
« Une journée type, ça commence toujours par les chevaux. » À 7h30, le groom est déjà à pied d’œuvre. Nourrir, curer les boxes, vérifier l’eau fraîche, observer les moindres signes d’humeur ou de fatigue : rien n’échappe à son œil expert. « Mes chevaux, je les connais par cœur. Pendant qu’ils mangent, je fais leur box, je veille à leur confort. Ce sont des athlètes, ils méritent ce qu’il y a de mieux. »
Une fois les soins du matin terminés, direction le terrain d’herbe. À La Baule, les chevaux peuvent brouter au grand air, un luxe rare dans les concours internationaux. « Ils adorent ça. Ce sont de vrais moments de relâchement pour eux, et pour moi aussi. »
Le rituel de la préparation : rigueur et précision
Quand l’heure de l’épreuve approche, le calme laisse place à une concentration millimétrée. « Si le départ est à 14h et que mon cavalier passe en 20e position, je dois commencer à préparer le cheval vers 13h. Mais s’il est le premier, alors c’est deux heures avant. On ne laisse rien au hasard : matériel, tapis, soins, chaque détail compte. »
Le rôle du groom ne s’arrête pas une fois le parcours terminé. Après l’effort, viennent les soins post-épreuve : glace, massage, repos, comme pour un athlète de haut niveau. « C’est comme un sportif qui revient de sa séance : on s’occupe du corps, on récupère. »

Une ambiance unique dans les écuries
Derrière les stalles, loin de l’agitation des tribunes, l’ambiance est étonnamment chaleureuse. « On se côtoie toute l’année sur les mêmes concours, alors des liens forts se créent. Il y a une vraie solidarité entre nous. » Blagues, échanges de conseils, entraide technique… Les grooms forment une grande famille cosmopolite, mêlant Français, Suédois, Allemands ou Américains.
Mais lorsque les grandes échéances approchent, le ton change. « On sent la concentration monter. Le matin, on rigole, mais à l’approche des épreuves, chacun est dans sa bulle, chevaux compris. »
Une mission simple, mais essentielle
S’il fallait résumer ce métier en une phrase ? La réponse fuse, pleine de tendresse et de fierté :
« Je suis la gardienne de mes chevaux. »
Pas besoin d’en dire plus.
Dans l’ombre des champions, les grooms veillent. À La Baule comme ailleurs, ils incarnent la rigueur, la patience et l’amour du cheval. Sans eux, le sport ne serait pas ce qu’il est : une histoire d’harmonie entre l’homme et l’animal, tissée au quotidien, de 7h30 à 20h30 – et bien au-delà.